Article 8 : Shutter Island
Bon
attention au spoil là, ça peut vraiment gâcher le film pour le coup, plus que
d’habitude. Allez le voir bande de paresseux si ce n’est déjà fait !
Film : Shutter Island
Réalisateur :
Martin Scorcese
Catégorie :
Réalité / Sorte de Thriller
Possibilité :
Très probable, à savoir si l’on peut ressentir ainsi les choses, à ce point là.
Très difficile à imaginer. Néanmoins, c’est le principe de la névrose.
Note :
9/10 J’ai vraiment accroché, et même si je commençais à sentir qu’il y avait un
truc qui ne collait pas, le dénouement m’a bluffé.
Shutter Island
est un film plutôt axé sur la dimension psychologique d’un être humain, et sur
l’ampleur que peut prendre un souci à ce niveau là. Le film est nimbé de ce
voile inquiétant qui ferait presque penser à un film d’horreur. Tout y
est : Mystères insolvables, espace clos (je ne sais pas pourquoi ça m’a
fait penser à l’île de Battle Royale), personnages inquiétants. Néanmoins, si
le stress peut-être présent tout au long du film, on n’aura pas vraiment peur,
il ne faut pas exagérer. Ce film suit un plan pas forcément original qui est le
point de vue interne d’un humain qui ne vit pas la vraie vie, qui stagne dans
un point de vue confiné. On voit ça dans Matrix par exemple, mais aussi dans
Oblivion, The island, et beaucoup d’autres films. Le concept ne sort pas des sentiers battus en soit. C’est la façon avec laquelle il est amené qui en fait un
nouveau dans le genre. Et le fait que le mystère soit gardé pendant les trois
quarts du film ajoute à l’intérêt que ce dernier peut avoir.
On est donc
plongé dans un huis clos à grande échelle, et directement le mystère
s’installe. Ce cher Teddy qui se réveille d’il ne sait pas trop quoi, il
n’arrive pas à se souvenir de ce qui s’est passé la veille (nous on sait, pas
la première fois qu’on voit le film, mais après), mais sait qu’il est envoyé
afin de retrouver une patiente dérangée qui s’est extirpée de la prison
psychiatrique pour cas spéciaux. Néanmoins, il remarque bien que les gardes ne
sont pas spécialement attentionnés à son égard, et en conséquence, reste sur
ses gardes. Bon, le climat veut qu’on sente que dès le départ, il y a quelque
chose qui cloche, un truc pas net. Rien qu’à voir la façon dont est traité
Teddy, un orage qui arrive pile poil au moment où il ne faut pas pour
l’empêcher de pouvoir s’enfuir de cette île où personne ne daigne coopérer, des
patients plus qu’inquiétants. Déjà, cet anagramme de Dolores Chanal, Rachel
Solando (la femme que Teddy est sensé rechercher) est coupable de meurtre de ses
trois enfants. Bien sûr, vu que toute l’histoire est inventée par le directeur
du centre, c’est sensé mettre la puce à l’oreille à Teddy. De la même manière,
on a cette histoire de 67ème patient, car vu que Teddy en est
lui-même un, il fallait qu’il pense qu’il n’y en ait que 66, sachant que les
questions qu’il se pose par rapport à ce 67ème patient sont aussi
destinées à raviver sa mémoire. Puis lorsque la patiente revient de son plein
gré (cela signifie explicitement qu’ils veulent tout mettre en œuvre afin que
Teddy se rende compte de la supercherie, et qu’ils ont déjà utilisé beaucoup de
cartouches), et qu’elle demande au héros qui il est, cela encore est sensé
amener au retour de la mémoire, encore une fois sans succès bien sûr,
d’ailleurs, tout les comportements de tous le personnel / des malades sont liés
au fait que Teddy est en réalité un instable très dangereux, et plus
particulièrement son coéquipier, qui surprend de par sa docilité et sa
soumission : Bien sûr, il fait tout pour ramener son patient à la raison.
D’ailleurs, dans un passage qui se passe au cimetière, Chuck va même jusqu’à
commencer à trahir le petit jeu en parlant de complot afin de ramener Teddy,
finalement sans succès encore une fois. Inconsciemment dans le même but, Teddy
se cherche lui-même, et il trouve des débuts de réponse dans ces rêves sans
queues ni têtes mais qui ont bel et bien un sens (je pense notamment à celui
qui mets en scène la femme de Teddy dans les flammes, mais qui saigne du
ventre de par la balle administrée en réalité).
Il y a aussi ce passage vraiment étrange où Teddy
rencontre finalement la vraie Rachel Solando qui se révèle être un docteur en
fuite. Bref, ce qui est étrange, c’est que son imagination est telle qu’il
arrive à matérialiser une discussion, un scénario avec aucun lien réel, juste
pour se rassurer dans sa théorie disant que le centre l’empoisonnerait pour le
pousser à devenir un patient. Plus tard on lui dira que ce n’était pas vrai (à
la révélation du twist), mais j’ai mis du temps à y croire tellement que selon
moi, l’imagination n’a pas autant de pouvoir, c’est indécent de pouvoir
matérialiser un être humain et un tel dialogue…
Et puis il y a cette fin, où normalement Teddy a
compris ce qui s’était vraiment passé, et on le soumet à un test final sensé
déterminé s’il doit être destiné à la lobotomie ou non. A partir de là, deux
cas de figure, soit il préfère accéder à cette lobotomie afin de ne plus avoir
affaire à ces souvenirs assassins, soit il reste comme il est avec ses
souvenirs, mais il échappe à un sort peu enviable. Ces deux possibilités sont
en supposant qu’il a gardé sa mémoire. Néanmoins, la dernière phrase du film « Qu'est-ce qu'il
y a de pire pour vous ? Vivre en monstre ou mourir en homme de
bien ? », dit-il en s’adressant au docteur, peut signifier qu’il se
souvient de tout, et qu’il fait un choix, ce que le docteur semble comprendre
car il n’essaye pas de l’en empêcher. Soit il vit avec ses souvenirs horribles,
en se considérant comme un monstre pour ce qu’il a fait à sa femme (qui me
semble pourtant approprié, tuer une folle qui a noyé vos trois enfants, c’est
pas si grave que ça, non ce qui est grave c’est de s’être marié avec quelqu’un
d’aussi instable), puis ce qu’il a fait en succombant à la folie (ce qui n’est
pas dit dans le film), c’est d’ailleurs sûrement cela qui l’a poussé à être
interné, car un seul meurtre de sang chaud, avec autant de raisons de le
commettre, ça ne va pas chercher aussi loin.
Note : Shutter island doit vouloir
dire île fermée en français (Shutter signifiant volet en français), ça ne nous
avance pas vraiment car on le savait déjà à peu près, mais il est toujours bon
de le savoir ! Et surlignez à l'aide de votre souris le passage effacé si dessus, je comprends toujours pas d'où ça vient, avec toutes mes excuses.
Bref passons
maintenant au vif du sujet. Est-il possible d’imaginer une pire torture que
celle d’être enfermé dans ses pensées et son imagination ? A partir de là,
il y avait deux choix, soit son entourage confirmait sa version et le laissait vivre
sa vie à nouveau malgré son trouble psychologique (on le décrit comme violent
au centre, mais alors qu’il n’a pas de souvenirs de ce qui s’est passé avant,
et qu’il incarne l’inspecteur Teddy, il n’a pas l’air violent, et pourquoi pas
le laisser partir à ce moment là ? Le seul échec c’es qu’il n’aura pas
réussi à accepter la vérité, et alors ? Tant que ça ne pose pas de
problèmes aux autres niveaux de son esprit…), soit on le tue ou on l’incarcère
dans un asile ou on essaye de lui faire recouvrir la raison. Dans tous les cas,
c’est de l’extérieur que doit venir de l’aide, ce n’est pas étonnant que seul
il ait pu être violent. C’est donc la dernière possibilité qui est retenue, il
est mis dans les quartiers les plus difficiles pour arranger les choses, et on
le laisse mijoter pour essayer de lui faire recouvrir la raison même si ça ne
marche pas sur le long terme. En se mettant à la place d’Andrew (puisque c’est
son vrai nom), on réalise à quel point le choc est traumatisant. Il vit dans un
monde de mensonges, avec une névrose assez gravissime. C’est saisissant à quel
point l’esprit humain peut être à la fois si puissant mais aussi sensible. Certes le drame était plutôt choquant, mais peut-être pas au point de s'implanter de faux souvenirs dans le crâne pour dénier tout responsabilité. Il est difficile à imaginer comment on pourrait vivre ainsi. Oui on ignorerait alors ce que l'on a fait, et il est donc même possible qu'à ce moment même vous ne vivez pas ce que vous avez l'impression de vivre (ça rejoint Matrix en fait). Mais, et c'est là où ce film diffère des autres, le fait de découvrir la vérité réentraîne le choc qu'a vécu le patient encore et encore. Je ne sais pas vous, mais je ne me sentais pas extrêmement bien lorsqu'on a la révélation du passé de Teddy, qui n'est pas vraiment rose, bien qu'on pouvait s'y attendre au vu des indices évidents déposés par ci par là. Je ne sais pas si c'était la bonne stratégie à adopter, comme vous le voyez, j'aurais plutôt été d'avis de le laisser dans son imagination pour ce souvenir, et de juste le rendre opérationnel sur le reste. D'ailleurs, on ne peut pas vraiment regarder deux fois le film de la même manière, c'est sur ce plan là qu'il est réussi, on voit deux films différents en le visionnant une seconde fois, car notre point de vue a changé. On pourrait imaginer que Teddy était en fait réellement un inspecteur, et que sa version des faits était vraie, mais que le gérant de l'île aurait corrompu pour lui faire gober une autre histoire. Trop alambiqué, et contredit par les rêves de Teddy, poubelle !
Et c'est tout pour cette fois, avec un film plus intéressant qu'il n'y paraît avec un scénario plutôt soigné, du Scorcese dans son grand art (meilleur que Le loup de Wall-Street, sorti récemment au cinéma), et pas évident à saisir au premier abord de par sa complexité, car ce n'est pas un film où l'on pose son cerveau à côté de soi. Il y a peu de scènes d'actions, et beaucoup de dialogues, ça peut y contribuer. Encore une fois, j'ai passé des choses sous silence, et je pense qu'on peut pousser la réflexion encore plus loin, mais ce n'est plus dans mes cordes !
La semaine prochaine, on continue avec un film que j'ai tout bonnement adoré, non pas par la qualité de ses acteurs, mais plutôt pour son scénario digne des plus grands chef d’œuvres du cinéma américain, sauf que ce film est asiatique. Très semblable à Hunger games, mais sorti un peu plus tôt , tout en étant plus réasliste, je vous conseille aussi de lire le manga si vous en avez l'occasion, il est disponible gratuitement sur internet et nous livre des faits beaucoup plus détaillés sur les caractères de chaque personnages. Bref, il s'agit de
Battle Royale
Enfin j'ai envie de dire, ça fait depuis le début que j'ai envie de l'analyser, mais je m'étais gardé ce plaisir pour plus tard. Il est réalisé par Kinji Fukasaku, allez le voir, pas forcément sa suite par contre. Je n'ai pas vu le deuxième mais j'ai par contre pu voir à quel point les retours étaient négatifs dessus...
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