Article 21 : South Park
Série : South Park
Réalisateurs : Trey Parker et Matt Stone
Genre : Comédie Satirique, dessin animé
Note : Variable selon les épisodes, mais globalement, dans son
genre, c’est ce qui se fait de mieux.
Ce choix
d’article peut surprendre pour ceux qui ne connaissent pas la série, où n’y
prêtent pas suffisamment attention, dans le cadre d’un blog plutôt centré sur
les films à caractère au moins pseudo-philosophique, ou qui amènent quelques
réflexions. De loin, South Park peut paraître vulgaire, enfantin. Il n’en est
rien. Beaucoup d’épisodes sont centrés sur un aspect majeur de l’actualité, et
par le biais d’histoires plus ou moins alambiquées, apportent un avis vraiment
intéressant dessus, si toutefois on prend la peine de creuser un peu la chose.
Rire des choses graves est un moyen finalement très efficace, bien que parfois
dangereux (vous comprenez de quoi je parle), d’exprimer son avis sur différents
faits. Et s’il existe beaucoup de formes de critiques satiriques, South Park représente
pour moi le meilleur de celles-ci. Pourquoi ? Parce que ses messages y
sont plus subtils, cachés sous l’apparence trompeuse dont je parlais plus tôt.
Puisqu’il s’agit
d’un type d’article différent (portant sur une série), je précise que j’adopterai
toujours le même plan, surtout que mes articles à venir vont se baser sur des
séries (en vrac je tease House of Cards, Breaking Bad, et probablement
plusieurs autres) : d’abord, une présentation des personnages, puis une
vision plus globale de la série, avec des exemples d’épisodes bien précis.
Les personnages
Stan Marsh – Celui qu’on pourrait considérer comme le héros. Il ne
prend pas si souvent que ça la place centrale de l’intrigue au cours de la
série. Stan est un peu le moralisateur, l’élève populaire apprécié d’à peu près
tout le monde. Il a une copine, et bien que cela ne soit que secondaire, on
peut y voir le signe qu’il est un peu le « leader » de toute cette
école. Mais à côté de ça, il n’est au final pas bien original. Ses réactions
sont souvent assez prévisibles, ce qui n’en fait pas le personnage le plus
intéressant de la série.
Kyle Broflowsky – Le meilleur ami de Stan s’oppose constamment à
Eric, et alors qu’on pourrait croire qu’il jouerai ainsi le rôle du gentil,
s’insurgeant à chaque fois que son ami développe des idées politiquement
incorrecte, il se montre parfois davantage déterminé dans ce qu’il fait, le
poussant à agir au final aussi mal qu’Eric ; et c’est d’ailleurs ça qui
est intéressant lors des confrontations entre ces deux là, car on peut y
comprendre qu’on ne peut pas tout résoudre « bien ». De plus, et cela
colle vraiment bien avec le personnage, Kyle est juif, ce qui le pousse à avoir
ces avis plus tolérants envers les différents thèmes abordés dans les
épisodes ; faisant lui-même partie d’une minorité religieuse, victime
d’antisémitisme, on ne lui laisse pas le choix.
Eric Cartman – Le personnage le plus intéressant et le plus
détestable de la série. Cartman, c’est le Vice personnifié. Profiteur, menteur,
manipulateur à un point frisant le génie, insupportable, parfaitement
hypocrite, et de surcroît obèse, antisémite, raciste… Bref, il a tout pour lui.
Et dans chaque épisode, c’est toujours lui qui va le plus loin à l’échelle de
l’Amérique entière. C’est d’ailleurs fichtrement intéressant de se rendre
compte qu’avec sa politique ressemblant à « la fin justifie les
moyens », il arrive toujours à se hisser au plus haut. Quelques exemples
des épisodes récents, lorsqu’il monte sa société à financement participatif,
qui ne fait RIEN ; quand il devient caster de la vie réelle au point de
devenir très connu ; lorsqu’il se débrouille pour acquérir le prototype de
l’humancentipad en se faisant passer pour une victime de mauvais traitement de
sa mère (qui est d’ailleurs bien dévouée envers son fils chéri) ; quand il
arrive à acquérir des toilettes privés à l’école en clamant haut et fort sa
double sexualité refoulée. Et je pourrais en citer beaucoup d’autres. Par
contre, à la fin, il ne gagne jamais. Et heureusement parce que le degré de
frustration qu’on peut
ressentir quand on voit qu’il parvient à gagner avec des méthodes
aussi méprisables. En fait, Cartman, c’est un peu l’injustice même, et ses
mises en avant dans pas mal d’épisodes montrent à quel point notre société est
bancale à ce niveau là. Car on peut voir qu’il y a des failles à peu près
partout, et pour peu qu’on ait l’esprit assez pervers pour en profiter (et
surtout, qu’on soit dénué de tout scrupule), il est facile d’arriver à ses
fins. Tricher, c’est gagner. Et mon dieu, que c’est frustrant.
Kenny McCornick – Un personnage vraiment étrange au final. Si on
met de côté le fait qu’il meure tout le temps lors des toutes premières
saisons, ce qui est un blague sans réelle profondeur au final, mais qui apporte
une plus-value non négligeable à la série, il ne sert pas à grand-chose. C’est
du moins le cas dans les dernières saisons, où clairement, on pourrait presque
s’en passer. Il joue souvent le rôle du mouton qui fait ce qu’on lui dit de
faire, sans vraiment avoir une volonté propre. C’est drôle, parce que s’il
s’agit du personnage emblématique de la série, de par ses morts intempestives
aux origines, c’est probablement le plus dispensable du quatuor de tête.
Butters – La victime, l’influençable, l’innocent, le faire-valoir d’Eric
(qui ne serait rien sans Butters !). Non, sérieusement, Butters est
génial. Fils de parents ultra-sévère, et grand ami d’Eric, ce qui est
d’ailleurs paradoxal vu qu’Eric n’en a à peu près rien à faire de lui. C’est
peut-être le personnage qui fait le plus sourire, car il paraît constamment
ridicule. Il tente de s’intégrer à un système qu’il ne comprend au final que
très peu, et ainsi, tente de se rapprocher avec Eric qui lui n’a pas vraiment
de problème avec ça justement. Si on devait voir ces deux personnages
métaphoriquement, et de façon assez extrême, Butters, c’est la plèbe de base
qui croit tout ce qu’on lui dit, et Eric, c’est celui qui a le pouvoir et se
sert du peuple à son bon vouloir. L’obéissance aveugle de ce jeune blondinet,
si elle ne lui permettra pas d’exprimer ses idées et d’être pris au sérieux,
lui assurera au moins une place à côté des instigateurs sans pitié.
Randy Marsh – Le papa du
petit Stan est sûrement l’un des personnages les plus drôles de la série.
Totalement décomplexé, se la jouant « père cool » tout en agissant
parfois vraiment étrangement, chanteuse à succès à temps partiel, il apporte
souvent cette note de fraîcheur qui permet à la série de se renouveler sans
problème. De plus, il incarne par rapport à raison la bêtise de l’adulte qui
parfois ne réagit pas mieux à une quelconque situation qu’un gamin de huit ans,
montrant qu’ils sont eux aussi des enfants lorsque confrontés à certains cas de
figure. Randy, c’est l’image d’un jeune dans un corps d’adulte, qui prend très
souvent les mauvaises décisions, qui est souvent influencé par les médias et le
gouvernement (et Cartman), et qui surtout se fait dépasser en maturité par le
quatuor de tête à peu près tout le temps. C’est peut-être lui qui montre que
l’innocence des enfants leur permet parfois de ne pas se conduire en mouton de
la société comme pourraient le faire leurs parents, bien que, rappelons nous,
tout cela reste caricatural.
Le reste – Que ce soient Mr Mackey le CPE victimisé ou Mr
Garrisson le prof d’abord mal dans sa peau puis râleur, en passant par Ike, le
petit frère Canadien accro à Pewdiepie, sans oublier les parents et les autres
élèves, tous les personnages secondaires ont leurs particularités qui leur
donne un réel intérêt dans la série. Chaque situation appelle son lot de
personnages bien taillés pour figurer dans l’épisode, ce qui permet un
renouvellement indispensable quand on veut faire 19 saisons. De plus, certains
épisodes mettent en scène soit des guest star qui existent dans le monde réel,
soit des personnages à apparitions très ponctuelles qu’on voit beaucoup plus
rarement, voire qu’une seule fois dans
toute la série (Terence & Philippe, les animaux de la forêt,
l’homme-ours-porc, etc…), ce qui là encore, donne matière à faire.
Quelques intrigues
Plus généralement
donc, l’essence de South Park réside dans la critique de la société actuelle.
Relativement récemment, on a eu notamment une trilogie sur le Black Friday en
Amérique, montrant à quel point l’humanité peut se montrer très animale par
moment. Il y a aussi l’épisode NY Redskins, où le financement participatif
prend très cher, et où la connerie humaine est soulignée alors que Cartman
arrive à faire monter sa société sans rien faire, en insultant tout le monde,
grâce à un simple nom. Au passage, la difficulté de trouver un nom de projet au
début de cet épisode montre à quel point l’effet de mode s’est répandu. Un peu
extrême, certes, mais pourtant, n’est-ce pas ce que les sociétés font parfois
lorsqu’elles sont déjà bien installées ? Grâce à leurs images de marque
(le nom de la société) elles peuvent gagner de l’argent en faisant quasiment
rien (sortir encore et encore des nouvelles versions du même produit), et donc
indirectement, en nous prenant pour des cons, ce que nous sommes parfois
apparemment, vu qu’on joue leur jeu. En plus, lorsque Cartman fait ses
conférences en annonçant simplement un nouveau logo, tout le monde l’applaudit
quand même, parce que bon c’est quand même vachement cool d’assister à une
conférence importante. Bref, dans ces deux épisodes, on voit bien que la
société de consommation est très critiquée ! Mais il n’y a pas que ça.
Je ne vais tout de même pas vous noyer dans les
exemples, toutefois, dans cette série, quasiment tout le monde reçoit sa
critique, plus ou moins fallacieuse : les patrons d’entreprise, les
politiciens, les femmes, les hommes, les handicapés, les Cartman, les
sectaires, les gothiques, les émos, les personnalités (chanteurs, acteurs…),
les blancs, les noirs, les chrétiens, Jésus, les musulmans, les chinois, etc…
Tout le monde y passe, et c’est pour cela que personne ne pourra se sentir vexé
en regardant le show. N’oublions pas que ce n’est pas sérieux, entre
guillemets. Aussi, et c’est toujours appréciable, la plupart des épisodes
suivent l’actualité, et donc on une réserve infinie d’inspiration vu que cette
dernière change bien évidemment tout le temps.
Je terminerai tout ça en parlant d’un épisode, qui
en lui-même a réuni tellement de choses que je ne pouvais pas ne pas en parler.
Il s’agit de l’épisode 05x18. En gros, ici, on a cinq choses :
- Le buisson de la mère de Clyde, qui bien que
pouvant être considéré comme douteux comme humour, montre que ceux qui ne
suivent pas la tendance sont forcément considérés comme différents. Même si
elle tient à défendre qu’elle tient à ses convictions, pas un ne la croira, et
elle deviendra un objet de pitié malgré elle, alors qu’elle voulait montrer à
quelle point elle était « fière ». => Vous ne pouvez pas
facilement ne pas suivre la mode.
- Le danger des drones, et surtout les travers
qu’ils peuvent engendrer. C’est vrai que si ils sont facilement légalisés en
ville (ce qui n’est pas encore le cas, principalement pour cause de danger si
le drone se crashe sur un passant par exemple), cela pourrait amener à des cas
d’espionnage non désiré entre particulier, et même de la part de l’état. Les
drones rendent cela bien plus facile, car l’utilisateur ne prend plus aucun
risque, et se dédouane du crime. La question d’éthique se pose donc, car c’est
de la violation de vie privée, et qu’il est très difficile de remonter au
propriétaire d’un drone si celui-ci arrive à le faire s’échapper. =>
Complexité de légaliser les drones pour un usage privé.
- La critique d’un monde futuriste où tout se
déroulerait par le biais des robots. Le petit combat de drones entre les
manifestants et les policiers est juste ridiculement drôle. Tout cela au point
que tout le monde resterait chez soi en sirotant son verre de vin
tranquillement, et en viendrait à ne plus jamais sortir. On rejoint un peu la
dystopie décrite dans Wall-E…
- La crédulité de l’esprit humain quand celui-ci
n’a qu’une idée en tête. Le père de Butters ainsi va croire que son drone a une
conscience extra-terrestre et va partir dans un délire burlesque juste parce
qu’il ne peut imaginer que son fils lui ait désobéi. Et puis, ça en devient
franchement hilarant quand il va jusqu’à penser que, puisque tout le monde a
dit qu’il n’avait pas vu la vidéo, alors que ça crevait les yeux que ce n’était
pas le cas, ce sont les drones qui ont regardé la vidéo ! Et puis, personne
n’oserait briser les règles du manuel d’utilisation des drones, personne. C’est
bien le papa de Butters, il n’y a aucun doute !
- L’aspect viral d’internet. Vous postez une
chose, tout le monde la voie. D’ailleurs, il y a une référence à la fuite des
photos des stars nue, qui date de je ne sais plus quand (c’est récent). Avec
cet outil, c’est vrai qu’il est de plus en plus compliqué de garder une vie
privée. Et le temps n’arrangera probablement pas les choses. Internet est en
même temps un outil extrêmement pratique, et pouvant se montrer extrêmement
dangereux.
Je ne m’attarde pas plus sur l’analyse de cet
excellent show qui même en allant à l’essentiel est déjà plus longue que la
plupart de mes autres articles. Très sérieusement, si vous supportez ce genre
d’humour, vous trouverez facilement votre bonheur dans ce show TV, à la fois
léger et loin d’être idiot. J’ai surtout parlé des dernières saisons (il faut
bien choisir), mais les précédentes sont décrites comme étant encore meilleure.
Un autre énorme avantage, c’est la possibilité de ne pas avoir à tout regarder
en même temps pour suivre le fil de l’histoire, c’est d’ailleurs souvent le cas
pour les séries humoristiques.
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