Article 5 : Gladiator

Comme d'habitude je spoile beaucoup, regardez le film avant de lire l'article, vous ne perdrez pas votre temps je vous le garantis !


Film : Gladiator


Réalisateur : Ridley Scott
Catégorie : Péplum
Possibilité : Les faits ne sont pas réels, et sont un brin trop alambiqué pour avoir eu lieu. Les personnages (Commode et Marc-Aurèle) ont vraiment existé, et même si Commode était un mauvais empereur et aimait les jeux, ce n’est pas ainsi qu’il est mort. On remarque quand même qu’il y a réellement eu un complot le visant de la part de sa femme.
Note personnelle : 9/10, car il reste des imperfections. Je dis ça parce que pour moi il mérite largement 10/10, mais en revoyant le film, il y a tout de même des petits détails qui chagrinent.


Gladiator n’est pas un film facile à analyser car plus que sur la philosophie ou la pensée, il joue sur les sentiments. De plus, c’est un genre assez différent de ce à quoi on est habitué. On ne sait pas si il faux le prendre comme une reprise de l’histoire, ou tout simplement une fiction, voire un mélange des deux. Bref, commençons sans autre forme de procès.

Rentrons directement dans le vif du sujet avec les gladiateurs dans Rome. Rome est vantée pour sa grandeur, et c’est pourquoi Marc-Aurèle ne voulait pas ternir cette grandeur avec de vulgaires combats qui mettent en avant un des désirs les plus vils des romains : Les combats à morts. Marc-Aurèle étant plutôt un savant, voire philosophe qu’un stratège (bien qu’il ait passé la plupart de sa vie à faire la guerre), cela n’est pas bien étonnant. Commode est son fils, il n’a rien à voir avec son père, et il incarne les méchants qui collectionnent tous les défauts de l’homme. En premier lieu celui de tuer son père pour arriver à ses fins. Revenu à Rome en tant qu’empereur bien que contesté, il remettra les jeux en place, en en organisant une bonne fournée. Mais pourquoi ? On entend à un moment donné du film les sénateurs qui pensent que le peuple est gouverné par les jeux. Oui conquérir des territoires c’est bien, mais ce plaisir facile n’est pas inintéressant non plus, car il permet de se vider les pensées, et surtout à ressentir un sentiment de supériorité par rapport aux combattants. Ils doivent se battre pour survivre, tandis que les Patriciens romains ont gagné leur vie, pas forcément de façon très loyale, vu que la naissance est à l’origine de beaucoup de choses, et n'ont plus à se battre pour leur survie. De plus, pour prouver à quel points ces jeux sont populaires, certaines femmes en vont jusqu’à adorer ces beaux corps d’athlètes, car n’est ce point "viril" de tuer ? D’ailleurs, pour faire écho à l’histoire réelle, il paraîtrait que la femme de Marc-Aurèle aurait eu des relations avec certains gladiateurs. Hasard ? A vous de le déterminer. Pour finir, Panem et Circenses, ça vous dit quelque chose ? Pas vraiment besoin d’avoir fait du latin pour le traduire en « du pain et des jeux ». En effet, on observe dans le film qu’en plus des jeux, il y a un lancer de pain, et ce n’est pas ici par hasard. Au passage, pour faire le lien avec l’objet de ma précédente analyse, Hunger Games prend place dans le pays de Panem. Là non plus, cela ne peut pas être par hasard, vu qu’il y a aussi un jeu de combat à mort.

Voilà pour la présentation globale, j’aimerais maintenant en venir aux gladiateurs, et donc plus précisément, sur Maximus. Lorsqu’il entend pour la première fois le discours que tient Proximo pour prévenir les gladiateurs, il ne réagit pas vraiment. Forcément, trop absorbé par ce qu’il venait de subir. Il portait un amour presque trop parfait à sa femme, son fils et sa maison, un amour qu’il gardera intact du début à la fin. Trop parfait, sachant que rien ne le reste. Il a gagné toutes ses batailles, était adulé par ses hommes, aimé de tous, sait rester digne, mais a eu l’audace de dire non à l’imposteur, trop porté par son honneur. C’en était suicidaire oui, mais l’honneur est important, voyez Ned Stark par exemple, dans Game of Thrones (et voyez où cela l'a mené) ! Il est donc plongé dans ses pensées à ce moment là, et même les dires de Proximo sur la mort ne le font pas ciller. On peut facilement imaginer qu’à ce moment là, un seul sentiment peut faire ternir ce beau tableau de la personnalité de Maximus : Le désir violent de se venger de Commode, et de le tuer, car quand on nous a tout pris, seule la vengeance reste présente, tapie au fond de soi, prête à ressurgir à n’importe quelle occasion. S’ensuit son premier défoulement : Un combat facile face à des gladiateurs sans réelles compétences de combat. La vie s’écoule dans un flot de sang devant lui, mais il ne pense qu’à une chose : La vengeance. Et si on pourrait penser qu’il est complètement aveuglé par ce désir, il garde la tête froide : Le rituel de se laver les mains dans la terre qui accueillera son combat en est le signe, et pas de moindres. On dépeint aussi un Maximus très croyant tout au long du film, encore une sorte de « qualité » si je puis dire, pas que l’athéisme soit un défaut. Non, franchement, c’est un grand héros, hélas peut-être trop parfait. Il se lie rapidement d’amitié avec son premier compagnon de combat : L’homme de couleur de peau noire, illustrant la diversité des origines des gladiateurs au moment de l’époque de l’apogée de Rome. Il ne craint pas la mort, et est résigné, bien qu’il sache que lui, il ne rejoindra pas sa famille dans l’au-delà, vu qu’elle est encore entière, contrairement à celle de Maximus. Grâce à lui en partie, le héros pourra faire appel à ses compétences de général dans la bataille contre les chars romains, changeant l'histoire. L'honneur n'a plus d'importance pour lui à ce moment là, surtout vis à vis de son bourreau, qu'il ne saluera pas par le cultissime "Ave Caesar, morituri te salutant". Plus tard, alors que la rébellion organisé par le sénat, Lucilla et Maximus bat son plein, cela aura valu à Maximus de gagner la confiance des gladiateurs, qui iront jusqu’à donner leur vie pour lui. Plutôt que de mourir pour satisfaire les besoins primaires du peuple de Rome, mourir pour une vraie cause, c’est autrement plus intéressant. Maximus dans un certains sens leur offre une mort glorieuse, qu’ils s’empressent d’embrasser. Au final, ce film rend la mort peut-être moins horrible, moins effrayante. L’honneur mis en jeu en est plus important, le fait qu’ils se battent tous pour leurs idéaux est une preuve indéniable du courage humain, le contestera qui voudra. Alors oui, de nos jours c’est un peu moins évident, mais il y a différentes échelles, et tant que vous n’êtes pas Commode, tout va bien ! Pour revenir au vif du sujet, on verra aussi le sacrifice de Proximo, là par contre, j’ai eu du mal à comprendre. Sachant que si Proximo a accepté d’aider Maximus, c’est pas ces mots : « Il a tué l’homme qui t’as rendu la liberté », en parlant de Marc-Aurèle (qui avait gracié Proximo quand il était gladiateur) et de son fils. C’est peut-être ça finalement la vraie raison. Il était quand même assez corrompu jusqu’à la moelle par l’or, alors que les gladiateurs se sacrifièrent pour leur général, oui, Proximo c’est déjà plus difficile à comprendre.

Mais il y a aussi ce qui se passe à Rome pendant que Maximus réalise son soulèvement progressif. Il est intéressant de noter que Commode a vraiment envie de réussir à redonner à Rome sa gloire d’antan, quand je dis vraiment, c’est vraiment. Il n’est pas fait pour régner, comme son père le lui avait dit, mais il a une réelle volonté de réussir, le problème étant qu’il s’y prend très mal, allant jusqu’à désirer sa sœur, faire du fils de Lucilla son héritier sans rien demander à personne, et ignorer complètent le sénat et ses conseils. Si la plupart du sénat est remonté contre Commode, il y a quand même, comme dans tout système politique, certains qui ne pensent qu’à leur propres intérêts, des pourris au sénat qui sont en faveur du règne de Commode, alors que ce dernier va choisir d’en tuer certains, et d’emprisonner les autres, car il pense qu’ils forment un poids à son ascension au pouvoir. Justement, lorsque la rébellion est préparée puis matée de suite, la sentence de Commode envers sa sœur qui l’a trahit sera sans appel : Il lui demande de se prostituer pour son propre frère, qui de plus a des idéaux pervertis. Si la situation avait continué puis empiré, je pense qu’elle aurait fini par se suicider, car c’est une punition pire que la mort. Il parle de clémence, mais il n'y en a pas dans la punition qu'il lui inflige. C'est inhumain, certains diront.
Le dénouement n’est pas extravaguant, plutôt banal. La débilité affligeante de Commode se matérialisera par le fait qu’il donne à Maximus une chance de le tuer, alors que c’est le meilleur combattant de Rome. Il aurait peut-être pu le faire exécuter pour sa tentative de trahison, quoique le peuple ait eu une emprise décisive sur beaucoup de choses. Dénouement idéal car il permettra à Maximus de rester fidèle à sa femme et son enfant, en les rejoignant dans la mort grâce à la blessure infligée par Commode avant combat. Oui, grâce à Commode, car la fin, bien que triste car on aurait pu espérer que Maximus et la sœur de Commode finissent ensemble. Mais au final, il rejoindra sa vie d’avant, dans la mort, et c’est la plus belle des récompenses que l’on pouvait lui offrir après qu’il ait tout perdu, car c’est ce qu’il voulait depuis le début. Il offrira à Rome un martyr, et un sauveur. Car lorsque l’empereur demandera une épée, son commandant ne lui en offrira pas, preuve que de toutes manières, le combat est déjà gagné d’avance. Le discours de la reine, et la proposition de le porter de la part de Gracchus confirmeront cela. Presque trop joyeux, mais vu tout ce qui a été commis avant, ce n’est que le juste revers du bâton. On finit par voir le corps de Maximus « voler » sur la terre, en écho au fait qu’il y avait le même plan de caméra alors qu’il commençait sa vie de gladiateur. Un parallélisme qui montre bien que plutôt que de mourir, Maximus a commencé une nouvelle vie dans l'au delà.

C'est tout pour cette fois, je ne pense pas avoir tout dit, et j'aime tellement ce film qu'être entièrement satisfait de cet article me semble impossible. Personnellement, ça doit bien faire la cinquième fois que je le regarde, et j'ai remarqué, dans le cadre de al rédaction de cet article, que les petits détails on fait le grand film. Les petits détails, le jeu d'acteur, le scénario, et surtout cette musique triste et envoûtante à la fois, qui permet de rentrer en transe. Au début, alors que Marc-Aurèle est assassiné, on se demande pourquoi il n'a pas demandé à quelqu'un de rester pour surveiller si tout se passait bien (surtout que c'était évident que son fils allait mal le prendre), tout aurait changé, tout se serait bien passé, mais il n'y aurait pas eu un des films les plus émouvants qu'il m'ait été donné de voir. J'espère vous avoir donné envie de le revoir; ou au moins, de vous avoir fait penser à autre chose l'espace d'un instant. 

Pour la semaine prochaine, je sais pas encore trop de quoi je vais bien pouvoir parler. Je pense revenir sur un film de science fiction un peu plus classique assez récent. Ce sera le dernier de l'année 2013, vu qu'il n'y aura pas d'article ni le 21 ni le 28, pour cause de vacances principalement. Par contre j'aurais quelque chose d'un peu spécial pour la rentrée, afin de ne pas trop tomber dans une routine infernale. Pour la semaine prochaine, je vais donc m'occuper d'un film d'un genre encore différent (dans un certain sens) qui m'a énormément plu, sorti tout récemment, avec un acteur que j'apprécie beaucoup, réalisé par Baz Luhrmann :                                                                                                                                                

Gatsby le magnifique                                                                             

Errata : Je vais plutôt choisir de vous parler d'Edward aux mains d'argent, par le maître Tim Burton. Oui ça m'arrive de changer d'avis ^^.

Commentaires

  1. Ton analyse est pertinente et très intéressante.Et je rajouterais juste pour ma part que si ce film laisse une telle impression c'est aussi grâce à son esthetisme visuel romantique qui transparait dans les décors, les costumes, les attitudes et surtout les lumières (je pense bien sûr aux épis de blés dorés par les rayons du soleil au passage de Maximus). Le tout magnifié par la profonde musique symphonique... En tous cas, mission réussie Lucas, tu m'as donner l'envie de m'y replonger !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Umineko When They Cry

Hors-série 2 : Starcraft