Article 20 : Vice-Versa

Film : Vice-Versa


Réalisateur : Pete Docter (ça a l’air d’être un type pas mauvais)
Genre : Film d’animation
Possibilité : Pas si loin de la réalité que ça mine de rien, bien que ça reste très métaphorique
Note :  9/10

                Bon déjà rapidement oui je reprends le blog après un blackout assez long, non il y a aucune raison que je reprenne un rythme régulier. En gros c’est juste que je me devais d’écrire là-dessus. As usual, je spoile sans vergogne.

                Bref, Vice-Versa, des studios pixar. Bon, clairement, Pixar sont en général des génies dans ce qu’ils font, Monstres & Cie et Toy Story sont des noms qui se suffisent à eux-mêmes. Ajoutez à cela que Pete Docter est aussi le réalisateur de Wall-E (un pur bijou), et de Là-haut, ce dernier étant considéré par certains comme le meilleur film d’animation de tous les temps. En aparté, ce n’est pas vraiment mon cas, mais j’accorderai que l’introduction y était absolument magnifique en termes d’émotion.
           Vice-Versa, que je viens à l’heure actuelle tout juste de voir, a eu cette idée géniale de regarder les évènements par un point de vue intérieur. Et pourtant, Riley, qui aurait du être le personnage principal, est presque reléguée à un rôle secondaire, tant l’intrigue au cœur du cerveau est passionnante. Rapidement, on se rend compte que Joie (comprenant plaisir, excitation, curiosité, etc…) est bien sûr Le véritable personnage principal du film. Les bons sentiments inondent toute la première partie du film, d’ailleurs, quand on est petit, on cherche seulement à être heureux, no matter what, ce qui explique que toutes les autres émotions n’aient pour but que de mettre en valeur Joie. Ce qui m’amène à Tristesse, qui forcément, étant sensée être l’exacte opposée de Joie, a du mal à trouver sa place dans toute cette petite organisation. En effet, toute sa curiosité est contenue par l’empressement de Joie à tout rendre parfait. On en vient même à se demander quelle est son utilité, tant Riley a l’air de mieux se porter sans elle. Après, Peur, qui se transformera davantage en anxiété avec l’âge, en plus de sa fonction première, assure la survie de tout ce petit monde via l’instinct qu’il représente, on évite de faire des bêtises en général. Au passage, j’étais étonné de voir Riley saisir la carte bleue de sa mère avec autant de témérité, sans qu’un doute l’effleure, sans que Peur n’agisse. Il faut le faire à 11 ans de faire une telle chose alors que ta mère a juste à se retourner pour te voir…
On pourrait croire que Colère serait trop présente dans ses interventions, et à chaque fois, on a peur que le film tombe dans ce « trop », mais ce n’est jamais le cas. Et d’ailleurs, ses apparitions sont toujours assez justifiées, tout en restant dans le caractère indésirable mais impossible à canaliser de la colère. Enfin, Dégoût est peut-être l’émotion la plus dispensable de toutes si on se limite à son nom. Je pense qu’il faudrait plutôt l’appeler Goût justement, en accompagnant cela du fait que le regard des autres, qui nous façonne tous, c’est elle qui le prend en charge. J’aimais aussi beaucoup ce personnage, justement à cause de ce dernier point, car elle modère l’excitation de Joie, ce qui ne fait pas de mal ! Ce beau quintet forme une équipe au final plutôt efficace qui modélise relativement bien tout ce qu’un être humain peut ressentir, à tout âge.
Bon je ne vous raconte pas le film, qui du côté Out reste somme toute très banal. Quoique à noter, les parents de Riley sont tout de même assez géniaux, ils soutiennent tout le temps leur fille, l’aime énormément, ce qui sont tout de même les deux qualités qu’on demande à deux êtres prenant la décision de faire un enfant, mais qui ont parfois l’air oubliées de nos jours… En conséquence, étrangement, tout cela nous paraît presque exagéré (en tout cas, moi, qui n’ait pas à me plaindre du tout de mes parents, ça m’a fait cette impression) alors qu’au final, ce devrait être un modèle à suivre. Est-ce un hasard si l’île de la famille est la plus solide ? Non. Car c’est la base de l’amour. Mais là où c’est intéressant, c’est que les questionnements de Riley engendrés par ce déménagement soudain, vont entraîner de sa part des réactions qu’on pourrait qualifier de surprenantes lorsqu’on ne voit pas le côté Inside, mais finalement très logique. Cette disparition de Joie et de Tristesse a un énorme impact sur le mental de la jeune fille, et sans aller bien plus loin, on voit  que sans joie, il ne reste plus grand-chose (surtout à cet âge là). Tout cette phase de remise en question incessante, modélisée par la prise d’ampleur de Tristesse qu’on ne peur comprendre quand on est très jeune, est vraiment intéressante à suivre.
Cet évènement sera d’ailleurs la première phase pour Riley de sa maturité. C’est signalé par l’oubli définitif de son ami imaginaire, un adieu nécessaire et pourtant larmoyant tant on peut comprendre ce que signifie l’adieu  à l’innocence et la beauté de l’enfance, plus qu’à la pseudo-mort d’un personnage attachant. Ce caractère inéluctable est percutant lorsqu'on y est confronté ainsi. Que dire d’autre ? Parlons de la mémoire. J’ai trouvé cette idée de la représenter avec des petites bouboules de couleurs vraiment amusante, sans être complètement déjantée. Certes il y a la scission entre mémoire court et long terme, mais ce n’est pas ce qui est le plus important. Je parle évidemment de ces boules de mémoire principale, si chères à Joie, et aussi importantes pour la bonne tenue des îles de personnalité (pour rappel, Famille, Honnêteté, Folie dans le bon sens du terme, Hockey et Amitié). Sans cette partie de la mémoire si cruciale, il n’y a plus rien pour rappeler à Riley, dès le premier problème survenu, pourquoi ses îles sont ce qui façonne sa personnalité. Au point que sans cela, elle en vient à vider totalement son cerveau de toute chose, juste avant que Joie revienne avec ces orbes dorés, chacune justifiant à elle seule beaucoup de choses. Et oui, ces souvenirs heureux nous motivent énormément pour qu’on puisse les faire revivre encore et encore. Sans cela, pas de motivation…
Parlons, avant d’en venir à ce qui m’a le plus plu dans ce film, des détails un peu plus secondaires, plus ou moins bien réussis. D’abord, les rêves. C’était peut-être une des choses les plus difficiles à traiter, il fallait les rendre accessible à un public jeune, tout en le gardant intéressant pour les tranches d’âges plus élevées. Pour moi, c’est réussi. On a, avec son visionnage désespéré de Peur, un passage vraiment drôle, sans être pour autant trop éloigné de la réalité. Cauchemars avec la queue et la tête du chien, puis rêves sans queue ni tête (désolé), c’est ce qu’il fallait, et la justification logique avec les acteurs et le filtre de réalité sont deux points vraiment bien amenés. Il y a aussi la zone d’oubli, sombre, peu accueillante, montrant bien que c’est le pire ennemi de l’être humain, car n’oublions pas que Vice-versa est aussi très tourné sur la mémoire. Je mets toutefois un bémol sur l’imagination, que j’ai trouvé décevante. Si encore la salle bizarre où Joie et Tristesse se transforment en ligne passe, j’ai trouvé le monde de Bing-Bong bien fade, comparé à l’importance phénoménale, disons le, surtout à cet âge là, de l’imagination. Après, je modère un peu mes propos puisque c’est très difficile à bien représenter, mais on aurait probablement pu aller un peu plus loin, creuser le concept, plutôt que de rabaisser cette partie du cerveau à un vulgaire point de passage. Je le dis, et le redis, l’imagination, c’est au moins aussi important que la mémoire, vu que vous pouvez même vous créer des choses dont vous vous souviendrez après ! Mais bon, on va dire que le film ne pouvait pas tout traiter en profondeur, dommage. On remarquera aussi que la voie prise par Joie pour repartir au QG est du moins un peu trop aléatoire. Déjà, elle tombe sur pile poil le bon nombre de mec parfait pour atteindre le trampoline (dont l’existence n’a pas vraiment de justification sur l’île de la famille), puis atteint pile poil la vitre du QG, en prenant sur son chemin Tristesse pile poil au bon moment. Bon, je veux bien qu’on soit dans un film, mais j’imaginais un moyen plus réaliste, dans le contexte, pour revenir à bon port. Il faut dire qu’à côté de ça, niveau logique et bizarrerie scénaristique, ben il n’y avait pas grand-chose, du coup forcément, on est moins tolérant, et plus surpris. J'imagine le scénariste qui se dit "et maintenant, je fais comment au juste pour qu'ils reviennent au QG, sans train et sans pont ?".
Bien, venons-en à la fin. Cette fin, géniale, qui pour moi réside dans la découverte de la mélancolie. Elle Est Plus Puissante Que La Joie. En tout cas, c’est le message qui passe, car d’abord, c’est Tristesse qui parvient à ramener Riley à la raison. Ça encore, c’est mignon, pas forcément plein de sens, mais évident vu que la joie, quand elle n’a pas de raison d’être, ne peut absolument rien faire. Mais aussi parce que Joie comprend que mettre des souvenirs heureux teintés de tristesse comme souvenirs principaux, c’est la meilleure chose à faire. Souvenirs, tristes, procurant du bonheur => Mélancolie. D’ailleurs, on apprend que l’un d’eux avait un avant plutôt triste, et là encore, c’est pour cela que le bonheur lorsque ses amis hockeyeur la félicite en est amplifié, par une sorte de contraste avec ce qui a été vécu juste avant (surtout qu’en plus, Riley avait eu un beau moment avec ses parents ). Et en agissant ainsi, on comprend que ces souvenirs seront bien plus solide, et aussi d’une époque révolue, celle de l’enfance de Riley. Lorsqu’elle y repensera, malgré le fait que ça l’attristera un peu, elle sera heureuse au final et l’utilisera afin d’évoluer encore mieux dans sa vie, ce seront des réservoirs d’énergie, à utiliser en cas de coup dur. Au final, on pourrait croire que la maturité, c’est l’avènement de la tristesse, mais plus que ça, c’est surtout sa fusion avec la joie, et la découverte de son importance non négligeable dans le développement d’un être humain. La preuve qu’on peut utiliser quelque chose en apparence peu attirant pour fortifier sa personnalité. Chapeau bas les réalisateurs, parce que cette lecture du film, même en étant plus « vieux », elle touche énormément.

Ainsi se clôt ce petit article sur Vice-Versa, un excellent film qui annonce un beau futur pour Pixar. On garde cet aspect mature du dessin animé, sans en négliger le jeune public. C'est un de ses films qui vous marque suffisamment pour vous laisser un beau souvenir dont la pérennité se fera ressentir ! J’espère que vous avez apprécié car j’ai vraiment pris plaisir à recommencer à écrire sur ce blog, et j’aimerais vraiment pouvoir m’y remettre un peu plus sérieusement, malgré la masse « inhumaine » de travail qui va m’être donné (en gros math spé). Après, aucune promesse, aucun engagement, ça dépendra des prochains films que je verrai !

                

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