Article 43 : Squid Games (avec des vraies mathématiques)

Scénariste : Hwang Dong-hyeok

Genre : Thriller



Bon.

Ce n'est pas la première fois que je reviens sur ce genre de scénario, tout simplement parce que le genre me convient plutôt bien. Personnellement, j’aime être saisi par l’émotion (excepté pour ce qui est de celle produite par les films d’horreur), et le côté thriller psychologique s’y prête bien, particulièrement sur ces situations semblables à celle de Battle Royale où il est aisé de ressentir de l’empathie pour les personnages, et surtout de la compassion quant à leur sort.

Dernièrement, nous avons eu droit à pléthore d’histoires de ce type, que ce soit en version teenage (Hunger games, Divergent, The Maze, etc.), gaming (PUBG, H1Z1, Fortnite, Among Us, …), porté sur thriller (Alice in borderland, The platform, Battle Royale et donc Squid game), et similaires (en animé/visual novel). Un bon nombre de ces productions sont asiatiques notamment, peut-être une façon de s’évader plus brutale au sein de sociétés particulièrement à cheval sur les règles.

Tout cela pour dire que ça commence à devenir difficile d’être surpris/intéressé par toutes ces tentatives, même si celles-ci gardent un certain attrait notamment lorsqu’elles parviennent à créer des situations nouvelles. In fine, on peut réduire ce genre à trois caractéristiques indispensables pour que le scénario puisse fonctionner, avant même de parler d’originalité : les personnages, principalement leurs motivations mais également leur cohérence, le ou les jeux, à quel point ils ont un intérêt autre qu’une simple exécution, et enfin l’histoire derrière le jeu. Pour ce dernier point, on en revient systématiquement à une critique de la société où prend place le jeu, et la plupart du temps, c’est assez médiocre. On tombe souvent dans le manichéisme dégoulinant, forcément.

Saupoudrez d’un plot twist ou deux, plus ou moins décisif, et la sauce devrait prendre d’une manière ou d’une autre. 


Appréciation générale


C’était globalement satisfaisant, je l'avais notée 7 sur SensCritique mais après avoir écrit tout ça je descendrai bien à 6. Je n’ai pas été surpris par quoi que ce soit, bien que certains épisodes m'aient bien tenu en haleine, c’est le moins qu’on puisse dire. J’ai bingé la série (une fois le début franchi) et la qualité principale que j’en retiendrai, c’est sa capacité à communiquer l’horreur ressentie par les participants d’un tel jeu. Est-ce que ça vaut le coup de la voir ? Eh bien, à mon avis, si vous n’êtes pas fan du genre, pas forcément, bien qu’il semblerait que la série rencontre un franc succès, ayant commencé à écrire tout ça avant que le phénomène n'explose. Sinon, oui, mais sans s’attendre à la série de l’année. 

PS : La musique est intrigante sans être incroyable. J’ai d’ailleurs hésité à écrire l’article en anglais et à faire une vidéo pour ma chaîne youtube, mais bien qu’Unfolded avait un côté intéressant, ça fait un peu ennuyant au piano à répéter inlassablement le même thème. La guitare et la rythmique de la batterie manquent énormément à mon avis, du moins c’est la sensation que j’ai eue en regardant les cover piano qui avaient déjà été faits.

Enfin soit, on spoile maintenant !


Concernant les personnages


Autant commencer par le plus important. Le héros me rend… circonspect, c’est le moins que l’on puisse dire. Background apparemment classique pour les productions coréennes, qui n’était pas sans me rappeler Parasites, du quarantenaire complètement fauché terrassé par le système. Divorcé, renvoyé il y a dix ans de cela, ce qui coïncide avec l’âge de sa fille. C’est principalement à travers sa vision qu’on va expérimenter l’histoire, et… Et du coup on tombe dans l’archétype du gentil idiot. Voilà, gentil et idiot, ça me semble deux bons qualificatifs. Dans chaque jeu, il est au pied du mur, et se retrouve dans les pires situations (excepté pour le cinquième, mais on y reviendra). Et je trouve que ses réactions sont difficiles à comprendre.


Il a une tête de benêt là quand même, non ?

Le jeu des billes notamment, où il n’a aucun remord à dépouiller le vieil homme, et où surtout il ne pense pas une seconde à essayer de parlementer avec lui : la plupart des gens auraient abusé de la condition d’une personne diminuée, mais cela lui correspond moins. En effet, il s’est montré sincèrement compatissant avec lui dix secondes avant le début du jeu, c’est un personnage supposé être bon, alors pourquoi changer de moralité au moment où la façon dont doit être fait le jeu est révélée ? Peut-être pourrait-il justement profiter de son acte de bonté pour convaincre – à contrecœur évidemment – le vieil homme de le laisser gagner, ce qui aurait déjà plus de sens ? En fait, tout plutôt que d’avoir ce revirement où il profite de la sénilité de ce dernier pour tout récupérer. Et ce sans même évoquer le fait qu’il soit évident que son adversaire joue la comédie…

On pourrait également parler de sa réaction sur la finale contre son ami d’enfance, qui avait soigneusement abandonné toute humanité avant le combat. Aux portes de la victoire, il propose une égalité. Vraiment. Dans quel monde, après avoir sacrifié ta stabilité psychologique, tu décides de reculer au pire moment ? Et encore, si le jeu lui avait demandé de tuer directement son adversaire, je comprends qu’un principe puisse lui barrer la route, mais ici il pouvait s’en tirer en laissant les gardes faire la sale besogne. C’aurait été moins traumatisant que de voir l’autre se suicider. Pour le coup, dans cette situation, il joue la carte du gentil quel qu’en soit le prix, contrairement au jeu des billes…

L’autre sujet ? La motivation. Le héros doit avoir de l’argent pour être un bon père auprès de sa fille. C’est l’intérêt de l’épisode 1. C’est l’intérêt de cette foutue scène au restau avec un pistolet-briquet qu’on pourrait avoir comme cadeau dans des jeux pour gamins. Merde. Alors quand dans la scène finale il décide de réprimer tout ce character-building, il y a de quoi être agacé. Quand j’ai entendu la voix au téléphone lui dire de ne pas aller dans l’avion, j’ai compris que j’allais être extrêmement déçu. En plus il attend un an pour s’occuper du frère de Sae-Byeok… Alors qu’on sentait que c’était important, ça aussi… MERDE ! D’accord tu as été traumatisé, et je trouve ça vraiment intéressant de montrer cet après, personne ne pouvant ressortir indemne d’une telle épreuve, mais laisse toi mourir après avoir aidé ceux que tu avais promis d’aider, là encore c’est dans ta fiche de personnage non ? Ou alors certaines scènes n'auraient pas dû nous être montrées.

Fort heureusement il n’y avait pas que lui. Sang-Woo est déjà plus intéressant dans son rôle du pragmatique insensible. Là encore un peu cliché, mais beaucoup plus cohérent : il se retrouve ici parce qu’il a fait des combines en finance, ce qui nous donne un personnage plutôt intelligent et prêt à tous les sacrifices pour obtenir ce qu’il veut. Sa scène avec Ali lors du jeu de billes est plutôt bien amenée, parce qu’elle nous fait haïr le personnage dans un premier temps, puis, si l’on fait l’effort de se mettre à sa place, on réalise qu’il était dos au mur et on peut difficilement lui en vouloir de tout tenter pour s’en sortir. Son état d’esprit devient clairement visible dès le deuxième jeu, puisqu’il en avait compris la nature, laissant les autres prendre des formes difficiles à découper. Après, stratégiquement parlant, c’est assez médiocre, puisque faire en sorte que les autres lui soient redevables avait forcément plus de potentiels pour les prochains jeux que de les laisser mourir pour augmenter la cagnotte. Il suffit qu’un système de vote fasse son apparition par la suite pour que le fait d’avoir sauvé beaucoup de gens lors d’une épreuve puisse être utile. Pro tip.


Sang-Woo sans ses lunettes c'est plus la même.


Son suicide à la fin du dernier jeu montre toutefois un soupçon d’humanité surprenant, quoique compréhensible en termes d’évolution du personnage. Il avait déjà essayé de se suicider avant, et rester en vie sans argent est pire que la mort vu sa situation. Après, j’attendais un dernier sursaut d’énergie pour tenter encore une fois de tuer Gi-Hoon, afin de symboliser cette voie dénuée de scrupules qu’il a emprunté. D’un autre côté, ça aurait peut-être trop forcé sur une caractérisation diabolisée et peu humaine du personnage.

On transite sur Ali, probablement un des personnages les plus sympathiques, attachant, humain, débrouillard, mais malheureusement trop naïf. Vraiment assister à sa mort, c’est frustrant, preuve que le personnage fonctionnait bien. Il permet également de traiter la question du racisme dans la société, et de la confiance qu’on peut accorder aux autres dans une telle situation. Les alliances, oui, mais pas trop quand même.

Le vieil homme, sans parler de la fin, est un personnage plutôt bien ficelé, cohérent, un peu agaçant parfois mais qui permet au héros d’exprimer son humanité. Enfin, pas toujours, mais c’est tout de même le cas la plupart du temps. Toujours intéressant pour traiter la question de l’intégration des personnages plus faibles dans les épreuves d’équipe aussi.

Sae-Byeok est l’incarnation de la rebelle pas méchante au fond, silencieuse mais humaine, bien décidée à gagner, peut-être celle avec la motivation la plus noble objectivement, bref, l’héroïne qu’on aurait pu avoir à la place de l’autre incapable. Sa mort est… sa mort empeste le scénario à plein nez, franchement, un bout de verre dans l’aine afin d’obtenir deux finalistes, vraiment ? J’aurais préféré que sa fin survienne au cinquième jeu quitte à ne pas la faire gagner, c’aurait été beaucoup plus impactant émotionnellement, et le résultat de la finale entre les deux amis d’enfance aurait été là. Cela nous aurait épargné tout le pan inintéressant du repas jusqu’à son meurtre. Il aurait suffit de faire transiter la scène de la promesse avec Gi-hoon sur un évènement antérieur. Enfin, je ne suis pas le scénariste ici… C’est d’autant plus frustrant qu’il s’agit d’un des personnages qui suscite probablement le plus d’empathie de la part des spectateurs. Elle méritait probablement une mort un peu plus épique, voire une victoire aux dépends du héros qui se serait sacrifié. Là ça aurait fait un bon plot twist…

Enfin, Ji-yeong n’avait qu’une finalité dans le scénario, mais pas des moindres, celle de nous donner la scène la plus touchante avec le jeu des billes. Même si on sent venir son sacrifice pour sa comparse qui a des raisons plus grandes de survivre, leur dialogue, et la pseudo-naïveté de Ji-yeong notamment lorsqu’elle mentionne le fait d’aller à l’île de Jeju ensemble, créent un bel instant d’émotion. S’il y a peu de surprise dans le déroulé de ce moment, il faut avouer que c’est bien amené.


*Réalise que c'est la merde en fait*


Quant aux personnages tertiaires. Je hais cette femme, surjouée et incohérente, pas besoin de mentionner de qui il s’agit, elle a mis trop longtemps à mourir. Surtout que son suicide/meurtre est assez pathétique vu de l’extérieur… D’ailleurs, le yakuza-like avec ses larbins, là encore on est dans les bons clichés (c’est un archétype récurrent du genre) ! Ils sont assez peu intéressants, mais probablement nécessaires. Leur développement aurait pu faire l’objet de davantage d’attention. Le personnage du médecin quant à lui permet d’amener une mini-intrigue sur la vente d’organes. Il est dispensable pour sûr, mais ça fait du contenu.

Les VIP sont peu crédibles, c’est un euphémisme. J’hésite entre le jeu d’acteur et le scénario pour en déterminer la cause, mais vraiment, c’aurait pu être mieux. Là c’est… gratuit, on en reparlera dans la troisième partie. On abordera aussi le cas du flic et son frère. Ces personnages sont davantage présents pour aborder l’histoire derrière le jeu que le jeu en lui-même.


Concernant les jeux


On a donc un lieu isolé, beaucoup d’argent, une organisation gargantuesque, c’est envisageable. Avant de parler un peu de chaque mini jeu, l’idée de laisser un vote majoritaire permettre à tout le monde de s’en sortir, c’est plutôt intéressant. Je pense que ce qui m’a le plus surpris dans la série, c’est bien le moment où les survivants du premier jeu repartent. Potentiellement l’évènement le plus intéressant, avec la plupart qui reviennent, parce qu’ils sont tous dans des situations dramatiques, même après avoir compris que leur vie serait en jeu.

J’ai déjà moins apprécié ces phases inter-jeu où tout le monde peut tuer tout le monde. Par rapport à la cohérence globale de la mise en place du jeu, soit une situation d’égalité à l’écart de la société avec pour prix à payer une série de jeux mortels et pour récompense une grand somme d’argent, on peut déplorer que la loi du plus fort soit considérée comme pouvant s’inscrire dans cette logique. Mais soit, c’est un choix du scénariste, ou plutôt du personnage qui organise le jeu. Sur ce sujet, j’ai trouvé les scènes correspondantes n’apportaient pas grand-chose à l’intrigue. Des fillers en somme.

Quant aux jeux en eux-mêmes, et bien, l’avantage est d’avoir des concepts simples et donc facilement assimilables pour le spectateur. La cohue générale après la première exécution au 1 2 3 soleil est compréhensible de la part des personnages, et le jeu offre ainsi une bonne introduction. Le deuxième est un peu décevant, puisqu’il révèle peu de chose sur la psychologie des joueurs, même s’il a le mérite de mette l’accent sur ce côté de « jeu d’enfant ». Il permet aussi de mettre le personnage principal en lumière pour son inventivité. Quant au choix, les choses les plus simples restent les plus attrayantes dans ce genre de situation, j’aurai choisi le triangle ou le rond à mon avis.

"I want to play a game"


Le tir à la corde est le premier jeu qui m’a mis mal à l’aise. Probablement les chutes, la hauteur. Pourtant je n’ai pas vraiment le vertige, mais s’imaginer s’écraser contre le sol… Enfin, ça fonctionne plutôt pas mal, et cela permet de souder l’équipe. Un passage qui n’est pas parfait mais qui a le mérite de provoquer quelques frissons de dégoût.

Le jeu des billes est probablement le plus intéressant. Parce qu’il est simple et cruel. Si j’ai vu venir d’assez loin le fait que des groupes de deux ça sentait la chaussette, il n’empêche que c’était un épisode plutôt intéressant, qui notamment révèle en pleine lumière le caractère de Sang-Woo et nous offre cette séquence émotion entre les deux femmes. Un bon moyen également de séparer ce couple mentionné lors de l’épreuve précédente et de leur donner une certaine contenance en tant que personnages secondaires. C’est amusant de laisser les règles brumeuses au possible (j’ai appris qu’on pouvait jouer aux billes en pariant, tiens), et cela permet d’imaginer de nombreuses manières de procéder. Seule la violence est interdite, mais c’est tout.

On en vient au cinquième. J’avoue que de mon côté l’épisode était vraiment difficile à regarder, parce que les chutes. Parce que je me mets toujours à la place des personnages quand j’expérimente une histoire, et parce que là, bah il n’y a pas de moyen de s’en sortir, vraiment.

Enfin, si on enlève les poutres sur lesquelles j’aurais vraiment eu envie de marcher, parce que sauter pieds joints au milieu d’une vitre qui a une chance sur deux de se briser sans prendre soin de faire en sorte de se rattraper au cas où, bon. J’ai apprécié l’épisode en ignorant ces barres de métal ; si on suppose qu’elles n’existent pas (ou qu’elles sont inaccessibles), et qu’on ne peut pas tester la résistance de la vitre sans y sauter dessus, alors pourquoi pas.


Ils étaient bien pressés à sauter pieds joint sur un truc où t'as une chance sur deux de mourir. Enfin, je comprends que le scénariste ait eu la flemme de perdre deux minutes à les voir essayer de faire autrement pour constater que ça ne fonctionne pas. Pensons au scénariste aussi.

Cela reste un jeu impressionnant, qui repose sur le hasard. Hasard parce qu’on ne sait pas s’il vaut mieux être dernier ou premier (même en sachant que c’est l’ordre de passage, ce qui est plutôt prévisible, j’aurais eu tendance à prendre quelque chose comme le dix). Si par exemple le passage de chacun fragilise celui du suivant, il vaut mieux être premier. Après, le temps doit avoir un sens, chaque épreuve étant chronométrée, donc suivant ce raisonnement il vaut mieux être à la fin puisque les premiers devraient mourir quoi qu’il advienne. Hasard aussi parce que selon la direction prise par les participants, il aurait pu ne même pas y avoir de sixième jeu.

On fait les probas ? Allez on fait les probas ! N’hésitez pas à passer la partie en italique si vous êtes allergiques aux maths.

Soit m (18 dans la série) dalles et n joueur. Pour chaque étape (dalle), il y a une probabilité p d’une chance sur deux de mourir. On suppose que la mémoire des participants est parfaite (c’est-à-dire qu’un chemin tracé par le précédent sera parcouru à nouveau avec une probabilité égale à 1) et que chacun avance docilement pour que tout se passe bien. On exclut la contrainte de temps, et enfin, si un joueur tombe à une tuile k donnée, on suppose que le joueur suivant aura le bon sens de réussir à prendre la bonne lors de sa propre tentative. On suppose enfin que le hasard sur la répartition des dalles (mortelle ou non) est bien réalisé, évidemment, soit l’équivalent d’un pile ou face pour chacune des 18 dalles.

Je vais éviter d’utiliser de rentrer dans les détails, mais globalement, si on veut obtenir la probabilité d’atteindre une dalle donnée m en étant le nième joueur, tout est conditionné par la probabilité qu’a eue le joueur précédent d’atteindre une des tuiles placées avant. En bref, la proba d’avancée du nième joueur dépend de celle du (n-1)ème, etc. qui dépend de celle du premier.

Soit P(n)(m) la probabilité que le nième joueur survive à la mième dalle. Evidemment, lorsque n est supérieur ou égal à m, cette probabilité est égale à 1, puis que même en supposant une succession d’échec pour tous les joueurs précédents, chaque joueur donne a minima l’information sur une dalle supplémentaire par rapport au précédent.

On peut écrire l’équation :

Pour expliquer rapidement : Si le joueur précédent a survécu à la dalle m-1, forcément qu’on survivra à la dalle m. C’est le premier terme. Ensuite, si le joueur précédent meurt exactement à la dalle m-1 (soit la probabilité qu’il survive jusqu’à la tuile m-2 (1er terme de la somme) diminuée de celle qu’il survive jusqu’à la tuile m-1 (2nd terme de la somme)), alors il est nécessaire de faire au moins une tentative (3ème terme de la somme). Ainsi de suite (on fait le raisonnement dans l’autre sens) pour les dalles jusqu’à la nième, et on somme toutes les probabilités pour obtenir celle qu’on cherche. A savoir que pour m=2, le premier facteur dans la somme est égal à 0.5 (probabilité que le premier joueur meurt à la première dalle), j’évite de le noter ici pour ne pas alourdir ce qui est déjà lourd :D

On peut sûrement s’amuser à démontrer ça (par récurrence j’imagine ?) mais ce n’est pas vraiment le but ici. Le mieux est encore d’implémenter ça informatiquement (j’utilise RStudio) afin d’obtenir les probas qu’on veut. Le code est en page suivante si jamais ça en intéresse, avec une boucle à part pour le cas n=2, parce que voilà, ne me posez pas de question. Vu que tout est paramétrable, on peut l’utiliser pour 256 étapes, 15 dalles par étape et 125 joueurs, n’hésitez SURTOUT pas.



Tout ça pour dire qu’on obtient les probas de ce foutu article sorti il y a à peine un jour https://hitek.fr/actualite/squid-game-epreuve-dalle-verre-moyen-mathematiques-survie_31103?fbclid=IwAR1awJXId8r6DJ6nkAEQ5Zef7KX9Zex4PncMU7S41amyabVuSMoECl1dssQ mais de façon plus précise : eux présentent une probabilité résultant de simulations, là où nous on fait dans l’exactitude. BIM. Bref, le neuvième joueur a plus d’une chance sur deux de s’en sortir, et il n’y a même pas un cas pour 1000 (0,0656% de proba pour être précis) pour que personne ne s’en sorte. Plutôt bien équilibré finalement, ça permet quelques égarements, comme par exemple les joueurs qui en tuent d’autres sans leur laisse l’opportunité d’avancer. Comme le dit l'article mentionné, il y a peu de chance que seules trois personnes s'en sortent (1,167%), mais vu qu'il y a un débile qui n'a pas suivi ce qui se passait devant lui, deux personnes qui en deviennent une, et un mec qui tombe pour rien, finalement c'est comme s'il y avait treize joueurs. 

Et pour treize joueurs, la probabilité qu'exactement trois joueurs s'en sortent, c'est 12,14% si je ne dis pas de bêtises (le plus probable étant 5 à 18,55%). C'est déjà plus acceptable. En tant qu'actuaire IA, je valide la pertinence de cette épisode !

Sinon, les stratégies et réactions sont discutables, mais l’épisode prend tout de même bien à la gorge, donc reste efficace. Encore une fois, mention spéciale à ce foutu débris qui vient assassiner un des finalistes, mais tant pis.

Enfin, le jeu qui donne son titre à la série n’est qu’un jeu de combat au corps à corps avec un contexte un peu étrange. Pas grand-chose à en tirer, et honnêtement, à la place des VIP, je trouverais que ça ne vaut pas vraiment le coup.


Concernant la trame


Commençons par les plots twist.

Ils sont, de façon globale, assez mauvais.

Pourquoi ?

Qu’est ce qui fait qu’un plot twist marche ? Trois choses. Il faut qu’il soit surprenant MAIS il faut que certains éléments puissent le faire deviner. Enfin, il faut qu’il impacte profondément le scénario. Tout en respectant évidemment un certain principe de cohérence et suscitation d’une émotion, comme tout pan d’un scénario. Un exemple archi connu serait le plot twist de Sixth Sense (spoiler). Il surprend, a quelque chose de plaisant puisqu’il complète le puzzle, et enfin nous fait comprendre qu’on aurait pu le voir venir. Surprise => Emotion => Compréhension => On réalise que c’était sacrément bien fait. C’est simple non ?

Le problème, c’est que le plot twist, c’est devenu un incontournable, et un incontournable parfois peu maîtrisé. Disons qu’on a deux plot twist dans Squid Game, et honnêtement… Ils sont mauvais.

Le premier est mauvais à cause des personnages, puisqu’il est directement lié à ce jeune policier, également superman à temps partiel, qui infiltre la base où se déroule le jeu. Je ne sais pas comment il fait, je ne sais pas comment il comprend ce qu’il est censé faire, je n’arrive pas à imaginer comment il peut ne pas être soupçonné avec toute cette surveillance, mais bon. Peut-être que le raisonnement c’est qu’il y a tellement de main d’œuvre qu’il est simple de passer inaperçu. Et de trouver par hasard un chemin jusqu’au repaire de cet Agent, aussi. Le personnage a au moins le mérite d’être plutôt cohérent, et d’avoir une motivation suffisante, bien qu’à ce qu’on comprend, son frère soit porté disparu depuis quatre ans et qu’il décide de tout donner sur une seule affaire en croyant dur comme fer qu’il le retrouvera. Bon.

La vérité, c’est que le plot twist de la révélation de l’identité de l’Agent… Pfouh quoi, je n’ai pas d’autres mots ! Autant l’intrigue secondaire du flic permet d’avoir plus de recul sur l’organisation de tout le jeu, et c’est plutôt bien trouvé pour nous donner un point de vue interne complétant le tableau, autant en terme impact émotionnel… Nada. Quant aux signes qui pouvaient laisser deviner ce plot twist, déjà il y en a peu, mais surtout vu l’impact sur le scénario, on s’en fout un peu. Bref, pas d’émotion, peu d’indices visibles, et aucun impact (si l’Agent n’avait pas été le frère, l’issue aurait été la même). Vraiment, cette scène finale sur l'île a déclenché une indifférence totale de ma part. Peut-être aurait-il fallu donner davantage de background aux deux personnages.

Quant au deuxième… Là encore on a peu d’indices qui pourraient nous faire deviner que le vieux est l’instigateur du jeu, à part le fait qu’on ne le voit pas mourir à l’écran. C’est pourtant intéressant, mais malheureusement je n’ai pas ressenti grand-chose en fait. L’idée est bonne, c’est similaire à celle de Saw (spoiler) où John Kramer était là depuis le début. Elle est cohérente en plus, mais… Je sais pas, il n’y a pas d’émotion, pas tant de surprise, et encore une fois l’impact est négligeable. L’homme meurt quand même, cela permet simplement au héros de sortir de sa léthargie… Un peu faiblard à mon avis. C’est dommage parce que quand on s’en rend compte et qu’on se remet les scènes avec le vieil homme en tête, à part celle où on comprend qu’il a fait un beau pari en votant pour que le jeu s’arrête au début, il n’y a pas vraiment de satisfaction à en tirer, là où il y avait du potentiel, vraiment. 

Pour ce qui est du reste. Comme évoqué plus tôt, les VIP sont peu crédibles, ils semblent payer une fortune pour pas grand-chose honnêtement.


Je... Je n'ai pas les mots pour exprimer la déception que m'a inspirée cette belle brochette d'animaux.

En fait, ils sont obligés d’être des être dénués de toute conscience pour profiter du spectacle, parce qu’à part jouir de la peur des autres, il n’y a pas grand-chose à en tirer. Nous, en tant que spectateur, on apprécie la scène puisqu’on peut s’imaginer à la place des joueurs et ressentir une certaine horreur, mais SURTOUT parce que la situation est fictive, donc il n’y a même pas une sorte de bris du 4ème mur, puisqu’on ne se sent pas concerné par ces VIP qui sont à des années lumière de notre humanité. Honnêtement, le seul moment intéressant, c’était lors du débat quant au numéro de maillot à choisir pour une épreuve à mort dont vous ne connaissez pas la nature. Ok, là j’avoue il y a sujet à discussion. Mais la cinquième épreuve est surtout aléatoire, et la sixième est probablement la plus lointaine du principe de jeu, donc bon. Autant ne pas se compliquer la vie et faire des combats de gladiateur en fait. Tout l’aspect du jeu est juste ignoré, et ils payent pour peu. C’est d’autant plus amusant qu’ils ne sont même pas nécessaires pour la justification de ces Squid Games. Le vieillard nous donne finalement une raison assez valable, soit l’ennui d'un multimilliardaire, pour qu’il n’y ait pas à s’encombrer de personnes extérieures. Après, il faut bien financer toutes ces bêtises.

Ce qui nous amène (et on va terminer là-dessus, courage !) à la morale de cette histoire : une fable anti-sociétale. Encore. Sur les VIP déjà, puisqu’on voit que les riches peuvent profiter à outrance de la pauvreté du monde, dans la vie c’est indirect, mais ici la métaphore se matérialise. Pourquoi pas, si les VIP avaient été crédibles encore une fois. Il reste aussi ce côté de la cruauté humaine. Finalement, le vieillard donne ces jeux parce qu’il est désespéré par l’humain, et c’est pour cela que cette possibilité de voter pour quitter le jeu est la plus intéressante, c’est en effet un choix qui a mené les participants à jouer. Les scènes de violence j’imagine servent à abonder dans ce sujet, là encore pour mettre en lumière la bestialité humaine. Mais j’ai du mal à y adhérer autrement qu’en y voyant une forme de distraction pour cet homme. Parce que les jeux sont contradictoires. Ou alors il faut y voir une représentation imagée de la vie, et c’est peut-être une meilleure interprétation :


1 – Ne pas réagir à chaud, ne pas suivre la masse, avancer lentement mais sûrement

2 – Réfléchir autrement pour résoudre certains problèmes ET la simplicité paye autant que la difficulté, ne vous mettez pas de bâtons dans les roues.

3 – Euh, la force c’est bien ? Et puis soyez malin sinon, parce que la loi du plus fort, bah elle déconne pas.

4 – C’est des personnes qui nous sont les plus proches que peuvent découler les peines les plus dures. Ah oui, et parfois, les règles on les invente ?

5 – Si t’as pas de bol dans la vie, bah tant pis pour ta gueule. Mon préféré.

6 – Si t’as un couteau / t’es le plus fort, rien à foutre des règles. Héhé.

Bon, j’arrête.


Allez bonne soirée hein !

 

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