Article 14 : Twelve years a slave



Film : 12 Years a slave


Réalisateur : Steve McQueen
Genre : Historique romancé
Possibilité : Devinez !
Note : 8/10 J’ai vraiment été secoué en sortant de la salle tant ce film était poignant. Après, il n’est pas non plus le film de l’année, et le concept perd un peu de son originalité.

Je m’attaque aujourd’hui à un film qui a été très bien reçu par la critique, qui a décroché de nombreux oscars, et surtout qui s’adresse à un très large public (disons beaucoup plus que d’autres films que j’ai pu déjà analyser). J’aurais pu ne pas m’en occuper et le laisser rangé dans la case « Film génial mais pas intéressant philosophiquement parlant ». Alors c’est vrai que bon, le but ici est de faire jouer sur les sentiments et de révolter le spectateur face aux pratiques inhu… révulsives des esclavagistes. Ça a été mon cas, et aussi l’occasion de se poser plusieurs questions sur cette humanité si bien décrite dans le film. C’est pourquoi je ne m’attarderais pas sur chaque petit détail du film, mais plutôt sur les généralités qu’il implique.  

Bon la première question, et la principale d’ailleurs, soulevée par ce film c’est une de celle que je préfère : Comment peut-on parler d’humanité dans tous les sens du terme par rapport à l’humanité dans le sens premier du terme. Pour ceux qui ne suivent pas, je vais parler du fait que les hommes sont complètement abominables et donc inhumains, en tout cas dans ce film. Combien de fois faisons-nous face aux affres de notre espèce ? Combien de fois commençons-nous à avoir honte de notre appartenance à cette espèce ? Et surtout, sommes-nous vraiment semblables aux esclavagistes du film ? Je répondrai par beaucoup, beaucoup, et oui. Commençons par le premier fait qui éveille une certaine révolte en nous : La vente d’un homme de couleur noir du nord de l’Amérique qui était considéré comme libre. Bon, vous le savez sans doute déjà, à l’époque, l’Amérique était divisée en deux partis : Le nord qui prône une vie normale sans tenir compte des différences de chacun, et le sud, qui lui vit depuis toujours avec l’idée que les Noirs sont des êtres inférieurs, seulement bons à réaliser des tâches ingrates, comme la cueillette du coton principalement, reste du commerce triangulaire instauré plus tôt dans l’histoire. C’est déjà assez impressionnant de voir une telle disparité de culture finalement dans un même pays. Le problème réside aussi dans le fait qu’un homme noir certes libre au nord pourra forcément attirer les convoitises de ses camarades blancs de peau. Mais même, comment peut-on en arriver au point de vendre son camarade humain à l’enfer, car oui, il s’agit bien d’enfer ce qui leur est réservé dans le sud. De plus les américains sont sensés être très catholiques, s’imaginent t-ils que vendre un de leur amis à cet enfer va leur assurer le paradis ? Je n’en suis pas convaincu. Comparer un être humain à une marchandise est une honte, c’est plus qu’un fait, mais une logique qui devrait être innée. Enfin, les deux amis blancs ont finalement vendu leur camarade pour on ne sait quel montant. Soit. Vient ensuite que notre cher héros n’arrivera donc pas à se libérer de la galère où il a été mise, quelque soit la liberté dont il est sensé jouir. Un de ses « amis » noir, arrivera néanmoins à être récupéré par son maître, mais n’aura aucun scrupule à abandonner Solomon, d’où les guillemets à amis. Qu’est-ce que cela nous prouve ? Qu’il ne faut pas non plus blâmer trop vite les blancs. Il est aisé de penser que si le monde avait été peuplé de noirs, laissant les blancs en minorité, ces derniers auraient subi le même sort que nous leur avons fait subir. Le problème vient de la différence, on n’en est pas à une simple distinction noir-blanc, chacun reste un être humain, qui se soucie surtout de sa pomme, bien sûr, dans une moindre mesure pour certains, que j’espère être la plupart.

          A partir de ce moment, c’est la vraie décadence qui suit. D’abord à la solde d’un Sherlock Holmes… pardon… d’un exploitant plutôt sympathique, contrairement à ses employés, il arrive à se démarquer, en montrant son intelligence notamment via le système de transport qu’il réussi à instaurer. Néanmoins, on lui conseille de ne justement pas montrer qu’il vient du nord, les conséquences pouvant en être désastreuse. Comment être plus frustré que cela, savoir la vérité mais endurer une torture qui n’était pas sensée nous être destinée. Et encore avec le premier maître, ça allait encore, juste un problème au niveau du pauvre imbécile d’employé qui, en plus d’être un imbécile, ne supporte pas qu’on lui montre qu’il le soit. Du coup, Solomon est pendu, puis sauvé par un lieutenant du chef de la plantation, rappelant que l’esclave est la propriété de Ford, et qu’il prouverait encore une fois sa débilité s’il détruisait ce qui appartient à Ford. Du coup, le lieutenant va chercher son chef, non sans laisser Solomon à moitié pendu, obligé d’être sur la pointe des pieds pour éviter l’étouffement. J’ai rarement autant manqué de souffle dans une salle de cinéma. Juste le fait qu’on le laisse planté là, pendant aussi longtemps, doublé du fait que personne ne daigne l’aider, pas même les esclaves, ça commence à tourner au ridicule… Et puis ça ne nous étonne même plus au final. Entre les guerres et l’esclavage, au niveau « humain » de la chose, je choisis la guerre, sans hésitation. Bon, par la suite, Solomon est obligé de quitter Ford pour quelqu’un de beaucoup plus amusant, pas très exigeant, et surtout très aimable.

       Sérieusement, c’est à partir de ce moment qu’on commence à se poser de sérieuses questions. Non mais il y a réellement des gens comme ça ? Déjà le fouet pour tout ceux qui ratent le quota de kilos de coton par jour, allez, à la limite, on peut le concevoir. Violer celle qui réussit le mieux ça commence à tourner sérieusement à la cruauté gratuite, et c’est à ce moment là que l’on voit à quel point les esclaves noirs ne représentaient aux yeux des blancs du sud. Un point de vue que l’on aurait du mal à adopter aujourd’hui, et aussi à imaginer. En venir à la faire fouetter par quelqu’un d’autre en devient horrible, car si seuls les fous sont capables de fouetter presque à mort des êtres humains, personne ne peut en ressortir totalement indemne. Certes Solomon essaye de ne pas y aller trop fort, de toute manière le travail est terminé par Epps. Autre moment assez poignant du film, la manière qu’utilise la pauvre esclave pour dire à Solomon de l’aider à se suicider. C’est dur. Et puis ses réactions face à toutes les tortures qu’elle subit, elle en vient à sourire, car ils la poussent tous à la folie. Même la femme d’Epps la dénigre totalement en raison de ses aventures avec son mari, mais est-ce de sa faute ? Je ne pense pas. Comment détruire une personne de l’intérieur en trois leçons, c’est par ici. Bon, on passera aussi sur le blanc devenu esclave qui fait mine d’aider Solomon, juste afin de retrouver son poste, et qui finira par briser tous les derniers espoirs de ce dernier. Chose étonnante du film, la parole de l’esclave noir primera sur celle du blanc, même aux yeux d’Epps. Bon, la certitude que les noirs sont inférieurs ne poussent pas Epps à devenir débile non plus, c’est déjà ça. Juste fou.

        On passera rapidement sur le sauvetage d’Epps grâce à un Brad Pitt certes bon, mais que je n’ai pas pu prendre au sérieux. Pourquoi inclure une célébrité aléatoire dans un film qui n’en avait pas vraiment besoin, sérieusement ? Enfin bref, retour à la douce réalité pour notre Solomon, happy end en fait. Quoique non. Une personne sur beaucoup trop est sauvée, certes, ça nous fait une belle jambe. On en dit quoi de toutes les autres qui vont devoir attendre encore longtemps avant le dénouement de la guerre de sécession. La pauvre Patsey, restée aux mains de son tortionnaire avec désormais aucune aide sociale. Et tout ces humains traités comme des bêtes, et même pire, leur manque de docilité leur infligera tous les malheurs du monde. Comment être convaincu après ça que les humains naissent naturellement bon ? Au point de dénier sa propre espèce, c’est tout de même impressionnant. Enfin, espérons qu’on verra de moins en moins ce sentiment de supériorité à l’avenir. Ce n’est pas de racisme  que je parle, c’est vraiment d’un forme pure et dure de mépris profond, qui s’accompagne de véritable haine, presque jalousie que « de tels êtres puissent être humains comme moi ». Encore le racisme, c’est rien à côté de ce qui a pu se passer dans ces temps là.

        Voilà, j'espère que vous avec apprécié cette analyse malgré le fait que j'ai pris encore un peu de retard (on va mettre ça sur le compte des vacances). Au final un film retranscrivant vraiment bien les affres de l'esclavage, non sans utiliser un héros qui ne représente pas exceptionnellement bien tout ce qui s'est passé, car tout le monde ne s'en sort pas aussi bien que lui. J'avais beaucoup aimé Django pour son action, j'aime encore plus 12 years a slave pour sa profondeur. Une triste facette de l'être humain que nous ne pourront jamais effacer. En tout cas, pour la semaine prochaine, je reviens au source avec un petit film de science-fiction, assez intéressant car sur des bases d'apocalypse encore une fois, avec un scénario toutefois assez original. Il s'agit de

Snowpiercer


Réalisé par Joon-ho Bong, en espérant que ça sortira à temps, rien n'est moins sûr avec les examens qui arrivent...

Petit changement de programme, on remet Snowpiercer à plus tard, je viens de regarder Virgins suicide, et autant en parler tant que c'est frais ! Voilà, normalement il sera en ligne samedi.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Umineko When They Cry

Hors-série 2 : Starcraft

Article 5 : Gladiator